scène 14 (suite)

EDGAR (SUITE)
Bon Dieu...

Il s'avance vers la camionnette et touche la poignée de la portière. C'est brûlant. Avec le plan de sa chemise, il l'ouvre et regarde dans le trou.
Dans le trou, il voit un objet métallique et des lumières qui clignotent. A moitié enfoui dans la terre, c'est bien d'un vaisseau spatial qu'il s'agit. Il fait environ deux mètres cinquante de diamètre.
Béatrice l'appelle depuis le pas de la porte :

BEATRICE
Qu'est-ce que c'est, Edgar ? !

EDGAR
(en se retournant)
Rentre ton cul à la maison !

Béatrice fait ce qu'on lui dit et ferme la porte derrière elle. Edgar regarde les roches en fusion, le fusil prêt à faire feu. Une voix d'outre-espace s'élève du fond du trou :

VOIX (OFF)
Place arme à projectile sur le sol.

Edgar recule d'un pas, terrifié. Puis il se ressaisit, lève son arme et avance avant de braquer le trou d'un air menaçant.

EDGAR
Si tu veux mon flingue, faudra l'arracher des mains de mon cadavre !

Pause pendant que la voix réfléchit à son offre. Elle répond enfin, sur un ton et un rythme ressemblant étonnamment à ceux d'Edgar :

VOIX (OFF)
Votre proposition est acceptable.

Une longue pince velue sort du trou, saisit Edgar par la tête et l'entraîne dans le trou.
Du fond du trou, on entend un bruit terrible, comme celui d'un drap qu'on déchire en deux. Il y a des sortes de glouglous assez dégoûtants, puis, un instant plus tard, quelque chose s'éjecte du trou et s'écrase sur le sol à côté de la camionnette.
C'est Edgar. Enfin, à quelque chose près. Les différentes parties de son corps tiennent encore les unes aux autres - visage, bras, jambes, même les vêtements -, mais tout l'intérieur a été enlevé et il est couché là, tout plat, tout vide, comme un smoking oublié après une réception.
Son fusil est projeté à son tour et retombe près de lui.

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